Les nouveaux machos
Le terme « macho » est tombé en désuétude, mais cela ne signifie pas que ce comportement a disparu. En réalité, il s’est transformé et s’exprime aujourd’hui à travers une forme plus insidieuse et dévastatrice : le pervers narcissique. Ce dernier apparaît souvent comme la personne parfaite en public — charmante, séduisante, voire même charismatique — mais dès que la porte se referme, c’est un tout autre visage qui se dévoile, celui de la manipulation, du contrôle et de la destruction psychologique.
Le masque parfait et le double visage
À la différence du macho, qui affiche ouvertement sa dominance et ses attitudes sexistes, le pervers narcissique sait se camoufler derrière une façade impeccable. Il cultive un ego démesuré, se montre séduisant et valorisé socialement, mais ce succès apparent masque une soif insatiable de pouvoir et de contrôle sur son entourage. Cette double face — séducteur en société, tyran en privé — est la clé de son emprise, rendant presque impossible pour les victimes de détecter la vérité avant d’être enfermées dans une relation toxique.
Une violence psychologique bien plus dangereuse
Alors que le macho persiste dans son autoritarisme souvent perçu comme grossier ou dépassé, le pervers narcissique exerce une violence insidieuse et calculée. Il détruit lentement l’estime de soi et l’autonomie de sa victime, s’amuse à la faire douter de sa réalité et n’éprouve aucun remords. Son but n’est pas seulement de dominer mais de détruire intérieurement, de priver l’autre de toute liberté et dignité.
Une alerte nécessaire dans nos sociétés
Cette évolution du vocabulaire reflète une meilleure compréhension des mécanismes psychologiques derrière certaines violences invisibles. Parler de pervers narcissique, c’est pointer une pathologie où la façade sociale flatteuse cache une véritable dynamique de maltraitance silencieuse, qui peut concerner hommes ou femmes. Il est essentiel de rester vigilant et informé car, derrière ce masque de perfection, se cache souvent une réalité toxique et destructrice que le simple terme de « macho » ne suffit plus à décrire.
“PN”
Le terme « pervers narcissique » est lourd de sens et évoque souvent des images de violence psychologique intense, ce qui peut être anxiogène pour les personnes victimes. Dire simplement « PN » permet de parler plus sereinement de la situation, d’échanger plus facilement avec d’autres victimes ou des professionnels, sans raviver constamment une souffrance trop vive. C’est une forme de langage codé qui protège la vulnérabilité de la victime.
Les causes du narcissisme
Les causes du narcissisme sont complexes et multifactorielle, mais ramènent souvent à des blessures qu’on tente de compenser
- Les théories psychologiques suggèrent qu’un enfant peut développer des traits narcissiques si ses figures parentales sont trop critiques, trop indulgentes, ou utilisent l’enfant pour réguler leur propre estime de soi.
- Un excès d’admiration parentale ou, à l’inverse, un manque d’affection et de reconnaissance, favorisent aussi la construction d’un narcissisme pathologique., car il viennent à penser que l’amour est conditionnel.
- Les traumatismes, la négligence, la surprotection ou l’absence de limites dans l’enfance sont des éléments déclencheurs fréquents.
- L’hérédité? Pas directement, mais les schémas auxquels sont exposés les enfans les impactent énormément inconsciemment… Les enfants apprennent tellement par imitation, qu’ils ont tendance à reproduire les shémas affectifs qu’on leur a montré…
- La peur de la solitude est aussi en cause. Pourtant, à force d’être si difficiles, ils épuisent famille, amis, collègues. Ce qui les rend d’autant plus amers, et renforce le cercle vicieux… Des evenements familiaux qui renforcent la peur panique de la solitude peuvent par ailleurs donner lieu à de réelles décompensations psychologiques.

Source https://www.mariefrance-hirigoyen.com
Un age affectif bloqué dans l’enfance
Il n’y a pas que l’homme adulte qui peut avoir ce comportement! Certains jeunes enfants peuvent présenter un comportement caractériel de type narcissique. Ce qui est le plus flagrant : plus ils sont en stress, plus ils sont insupportables, et pourtant plus ils ont besoin de calins… juste quand on aurait pas envie de leur en donner! C’est un mécanisme de protection fréquent chez les enfants surtout ceux qui ont une blessure d’attachement, et cela n’est PAS pathologique, et ne présage EN RIEN de leur comportement à l’age adulte. C’est une juste une demande d’aide, et il y a de multiples manières de les aider outre les calins: ancrage, fleurs de bach, homéopathie, …
Par contre, beaucoup de pervers narcissiques conservent un âge affectif proche de celui d’un jeune enfant. Ils aiment être pris en charge, nourris, choyés, maternés et bien plus encore, ce qui reflète ce déficit profond de maternage dont ils ont souffert durant leur enfance. Malheureusement, le besoin de calin s’est transformé en puit sans fond, qui épuise tout ceux qui s’y essaient…
Comment reconnaitre ?
Tout commence par réaliser qu’une relation est malsaine, et nombreuses en sont les causes. Nous avons tous des conflits non résolus, et cela ne fait pas de tout le monde un PN. Pour arrêter de se faire manipuler et reconnaître un pervers narcissique, il est important dʼidentifier leurs comportements typiques et dʼadopter des stratégies pour se protéger et reprendre le contrôle sur sa vie.
Reconnaître un pervers narcissique (souvent homme)
- un ego démesuré (pour dépasser le manque de confiance en soi)
- une tendance à se victimiser
- un besoin constant dʼêtre au centre de lʼattention
- une absence totale dʼempathie
- une capacité à isoler leur victime de son entourage
- Souvent, ils alternent entre séduction et dévalorisation pour créer une dépendance émotionnelle et instaurer un climat de confusion.
- La manipulation mentale (“gaslighting”)
- La critique permanente de lʼentourage
- Le fait de faire croire à sa victime quʼelle est responsable de tout
- un amour uniquement conditionnel, si bien qu’il aimeraient tout retirer tout à ceux qui les contredisent. Ca leur fait tellement mal qu’ils ont besoin d’attaquer en retour
“Rien n’est assez bien pour moi. Personne d’autre n’est bien pour toi”
La victime idéale (souvent femme)
- une egolyse (par manque de confiance en soi)
- médicalement, de l’auto-immunité, c’est-à-dire une tendance naturelle au sacrifice
- bienveillance envers les autres
- isolée, ou tendance à s’isoler
- tendance à vouloir se débrouiller, ne pas se plaindre
- tendance à la culpabilisation
- des antécédents d’accident ou de maladie sévères
Pire, le Syndrome de Stockholm : un mécanisme psychologique paradoxal dans lequel la victime développe, malgré la situation de danger et d’emprise, des sentiments positifs et une forme d’attachement envers son agresseur.
Face à la peur et à l’isolement, la victime s’identifie à l’agresseur pour survivre. Elle idéalise ce dernier malgré les violences subies, ce qui rend la rupture difficile et entretient l’emprise psychologique.
Dans le conflit, ne généralisons pas pour autant! Voici des signes qui à l’inverse doivent complètement vous rassurer sur votre partenaire :
- il a le même comportement avec vous en privé qu’en public
- il vous encourage à faire des activités, tout comme il trouve normal de faire les siennes
- il sait s’excuser
Techniques pour arrêter de se faire manipuler
La première étape consiste à prendre conscience de la manipulation et à écouter ses ressentis de malaise ou dʼinconfort dans la relation. Ensuite, il est essentiel de :
- Poser des limites claires et infranchissables, en disant « non » sans se justifier
- Sʼaffirmer fermement, en répétant calmement sa position (technique du disque rayé)
- Feindre lʼindifférence et éviter de réagir émotionnellement aux provocations ou aux tentatives de culpabilisation
- Replacer chaque reproche dans un contexte de dévalorisation
- Contre-manipuler en restant vague, en utilisant des phrases toutes faites et en ne sʼimpliquant pas personnellement
Se protéger et se reconstruire
Pour sortir de lʼemprise dʼun pervers narcissique, il est crucial de :
- N’attendez jamais qu’un jour peut-être cela aille mieux (voir article sur les 3 cycles infernaux)
- Maintenez une vie sociale active et sʼappuyer sur son entourage (même si tout est de leur faute à eux aussi)
- Inscrivez-vous à un sport
- Inscrivez-vous à une école de musique, c’est souvent gratuit
- Consultez un psychologue SANS EN PARLER, sinon vous risquez que la fragilité psychologique lui soit un argument de plus, restez vague ou prétextez une autre activité
- Trouvez l’amour où il est : dans vos activités, avec vos amis, …
- Renforcez lʼestime de soi par des exercices dʼaffirmation et dʼancrage, comme la cohérence cardiaque ou les cahiers dʼaffirmations positives
- Confiez-vous à des proches ou à un professionnel pour surmonter la culpabilité et reconstruire la confiance
- Prenez du recul et imaginez quitter la relation, même si cela peut être difficile émotionnellement
- Pour lacher le mental et vous auto-soigner, pensez d’abord aux mudras
- Katakaamukha Mudra (ci-contre), qui consiste à joindre les 3 premiers doigts de la main, est un mudra de sécurité et de protection très puissant, et pourtant très simple. Katakaamukha veut dire “Ouvrir un bracelet” que vous comprendrez comme “Casser le lien pour se libérer”
- Vrikka Mudra pour les peurs : le pouce appuie sur l’auriculaire et l’annulaire repliés
- Trouvez celui qui vous fait du bien et faites le le plus souvent possible, y compris en vous endormant


Gerer la culpabilité
La culpabilité est un fléau parce qu’elle enferme la victime dans un cercle infernal de doute, de honte et d’auto-accusation. Elle renforce l’emprise du pervers narcissique en faisant porter à la victime la responsabilité des violences subies, ce qui l’empêche de reconnaître la manipulation et de se libérer. La culpabilité mine l’estime de soi, favorise la passivité, et alourdit le traumatisme psychologique jusqu’à parfois conduire à la dépression ou au désespoir profond.
- Se réapproprier son histoire :
- Il est essentiel de reconnaître que la culpabilité ressentie ne vient pas de soi, mais de l’emprise du pervers narcissique. L’étape cruciale consiste à accueillir la pensée : « Et si je n’étais pas coupable ? », puis à repérer quelles accusations ne sont que des outils de manipulation, et non des vérités sur sa personne. Cela aide à faire la différence entre ses propres émotions et celles imposées par l’autre.
- Lâcher l’exigence de perfection :
- Dans la relation toxique, on cherche instinctivement à être irréprochable pour ne plus être attaqué, mais il est important d’accepter que l’imperfection est humaine et que la satisfaction du manipulateur est impossible. Se pardonner ses « défauts » et reconnaître sa valeur réelle sont les premières étapes pour sortir de l’emprise.
- Commencer la guérison
- À chaque fois que la culpabilité surgit, il faut se questionner sur sa justification et apprendre à la laisser passer. Réapprendre à se faire confiance dans ses choix simples du quotidien participe à la reconstruction de la confiance en soi. Ce processus demande du temps, mais il permet de retrouver progressivement sa liberté intérieure et de vivre pour soi.
- Se faire accompagner
- Le soutien d’un psychologue ou d’un psychothérapeute spécialisé est recommandé pour travailler sur les failles psychologiques exploitées par l’agresseur et retrouver la résilience. L’accompagnement professionnel permet de sortir du sentiment d’indignité et de reconstruire une estime de soi solidement ancrée.
- Faire l’exercice de la seringue
Vous avez grandi dans trop d’émotions, et vous pensez que vous avez des traits narcissiques? Ou on vous le dit mais vous ne le croyez pas? Ou vous faites partie des 10% qui veulent soigner leurs blessures passées et présentes?
Malheureusement, comme le narcissique pense souvent que tout est de la faute des autres, il pensent que c’est aux autres de se soigner. Mais pas vous! Le narcissisme est blessure et lâcheté, mais vous, ouvrez la porte à votre guérison et votre courage d’être authentique, en toute discrétion, en tout humilité.
- Rendez-vous compte à quel point vos émotions impactent votre famille, et à quel point les soigner peut changer des vies
- Respirez avant de répondre, pour adopter un ton juste. Ce n’est certainement pas à votre famille proche de payer votre stress, même si c’est ce qui passe sous la main!
- Essayez d’écouter, et de ne pas prendre de décisions d’emblée. Apprenez à dire : “Je vais y réfléchir et on en rediscute”
- Apprenez à vous excuser
- N’employez pas les faiblesses de votre partenaire, mais au contraire encouragez ses forces
- Encouragez les nouvelles activités et la vie sociale de votre partenaire, même avec des gens que vous n’aimez pas, ou des activités dont vous ne voyez pas l’interet
Ce n’est pas juste votre couple que vous pourriez guérir, mais vous-même, le reste de votre vie, votre descendance, et votre impact tout entier sur la société en montrant un role d’homme stable, authentique, juste et bon.
Conclusion
Reconnaître un pervers narcissique repose sur la vigilance face à certains comportements répétitifs et manipulateurs, tandis quʼarrêter le cycle de la manipulation implique de poser des limites, de se protéger émotionnellement et de cultiver une vie sociale et personnelle solide.
Travailler sur soi avec lʼaide dʼexperts peut permettre une véritable reconstruction psychologique face à ces personnalités toxiques.
Prenez soin de vous…
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